Le Kendo Cestas SAGC vous propose trois cours par semaine, quel que soit votre âge et votre niveau de pratique.

Retrouver nous le mardi et le vendredi de 20h00 à 21h30 pour le cours adultes et le samedi de 10h00 à 11h30 pour le cours enfants

Les cours sont assurés par Monsieur François Delage, 6e dan, D.T.R Aquitaine de Kendo.

Il n'y a pas de mots qui me viennent à l'esprit

Finalement je m'en vais sans douter du chemin

En me laissant aller.

Kuroda Jusui

mardi 22 mars 2016

LES MOTS ET L'UNIVERS DU KENDO PAR MINORI SAN - PARTIE 8

Nous arrivons à l'avant dernier texte écrit par Minori DANIEL au sujet du Kendo. Ce texte nous explique les termes utilisés en compétition, le respect des règles et plein de réflexions pertinentes et enrichissantes pour notre pratique du Kendo.

Bonne lecture !

Au Japon, les Senseï n'expliquent pas systématiquement et oralement pendant tous les types de Keiko. Il faut d'abord mémoriser le nom du technique en regardant les anciens, et par la suite on copie. C'est ça le Keiko de kendo mais exactement pareil pour les pratiquants de calligraphie, thé , Nô ...

Peut-être pas à la même façon mais Suri-Ashi est pratiqué dans le déplacement de Nô le théâtre , Kamaé la garde est importante sur tout type de pratique. Mitori-Geiko se fait chez tous, même à la maison, les enfants grandissent en regardant les parents ...

Ce qui est regrettable chez les Japonais, ils ne se posent pas de questions. Ils ne demandent pas des explications. Les Européens vous avez cette chance de pouvoir OSER, vous en avez besoin pour mieux comprendre ce qui se cache derrière l'apparence. Il ne faut pas toujours être " seulement passif " nous pouvons transmettre nos cultures et traditions en conservant et en observant les enseignements des anciens. Oui certainement mais, dans ce kanji de KEI de Keiko, il y a une signification très importante qui est : REFLECHIR.
Si votre Senseï vous balance un truc comme ça sans l'expliquer, soit il ne sait pas expliquer oralement, soit il vous fait réfléchir... Vous ne pensez pas?
Si ce n'est pas à vous de comprendre tout seul, vous pratiquez pour qui ? Haha .... On est radin les vieux, on ne donne pas son secret aux pleurnicheurs, voyons !

Parfois, vous n'avez pas besoin qu'on vous explique, vous trouverez tout seul, plouf comme ça, parce que vous avez réfléchi un peu à votre façon au lieu d'attendre l'explication des autres qui ne savent même pas vous expliquer.

Quand on demande à répéter : MO IKKAI, on attend de nous de faire mieux que la fois précédente mais ce n'est pas " faire la même bêtise encore une fois de plus "

J'aime bien faire du kendo, parce que sur le dojo il y a quelque chose qui me dit :

" Tu es encore jeune ma pauvre, mais tu peux toujours recommencer. "

Si un jour vous me dites qu'il n'y a rien à m'apprendre, ça ne sera plus passionnant pour moi de répéter toujours le même geste.

En tout cas, vous avez raison, quand on est petit enseignant en herbe comme moi, il vaut mieux savoir expliquer la petite base à travers les indices pour que les élèves puissent réfléchir mieux.

Bon courage à nous !
Il n'y a pas longtemps, je disais que la compétition n'était pas mon truc ! En disant cela, je pensais sans doute pouvoir rester philosophe et non pas sportive, et aussi pouvoir dire que je n'ai jamais perdu ? Sans connaître l'échec d'accord mais on ne peut surtout pas savourer le goût du partage de ce moment spécial, savoir l'importance de connaître un échec justement.

Je sens aujourd'hui que cette expérience est importante pour ressentir un combat réel, affronter ma peur et mon engagement, essayer les techniques qu'on m'a enseigné, être encouragée par mes camarades, vouloir emporter un Ippon pour l'équipe ou vouloir faire quelque chose pour moi-même... ça devient important.

Mes amis sont partis au championnat de France, je sens bouillir mon sang en imaginant l'ambiance. Quant à moi je combats avec la mairie, avec les Judoka pour pouvoir gagner la salle en plancher, ce n'est pas facile mais je la gagnerai un jour.

Au moment de la concentration, on s'enferme dans le men bien attaché.
J'adore le moment où j'attache le MEN-HIMO. (面ひも/めんひも)
HIMO le cordon passe là où il faut passer, H aspiré, bien prononcé. Sinon, IMO (芋/いも)veut dire « la patate »
DO-HIMO est mon point faible et je ne sais pas pourquoi il se détache de temps en temps. C'est peut-être vouloir entendre YAME ! Au milieu de la compétition, pour respirer un peu ? Mais Non, il ne faut pas s'habituer aux HANSOKU. (反則/はんそく contre-règlement

En SONKYO, il faut sentir remonter déjà le Magma, prêt à exploser.


Avec HAJIME pousser un grand KIAI pour montrer mon engagement et ma volonté à l'adversaire. Timing de départ en HAJIME il ne faut pas le manquer, si je veux éviter un premier MEN rapide en deux secondes !  
Et penser à KI-KEN-TAI tout au long du combat si possible 気剣体/きけんたい (Je ne sais pas trop traduire ce mot)

YAME !
Viennent de temps en temps à cause de HANSOKU (Hhan-ssokou ) la pénalité : DO-HIMO (cordon de DO) est détaché, les SHINAI dans nos manches, nos pieds sont hors du SHIAI-JYO (試合場/しあいじょうle terrain de compétition) ou une autre bêtise....etc. 

Quand les SHINPAN (審判/しんぱん les arbitres, composés d'un SHU-SHIN主審/しゅしん qui est au sommet de triangle, deux FUK-SHIN 副審/ふくしん) jugent qu'il y a eu des gestes mauvais pour un bon Kendoka (taper n'importe où, n'importe comment et pousser ou faire des croche-pattes et ainsi de suite...), les SHINPAN peuvent très bien nous coller des HANSOKU.

HANSOKU IKKAI (pénalité - une fois = première pénalité)
HANSOKU NI-KAI (pénalité - deux fois = deuxième pénalité) --> IPPON ARI (prononcez ALI, s'il vous plaît)
ARI ( ALI ) est vient d'un verbe ARU-ARIMASU = exister, il y a, marqué
MEN-ALI veut dire «Un MEN y était ! Vous avez marqué un MEN !
Pendant la compétition, on s'annonce MEN-ALI, KOTE-ALI, DO-ALI, TSUKI-ALI, SHOBU-ALI pour marquer les points.

YAME après avoir vu un premier point, ça provoque NI HON-ME (= commandement de début de deuxième combat) par la suite, ou SHOBU (commandement de début de combat décisif) et encore, SHOBU-ARI (proclamation de victoire)

Qu'est ce que la différence entre SHIAI et TACHI-AI ?
SHIAI(試合/しあい), peut se traduire comme la « compétition » et TACHI-AI comme un « combat ».
Le mot SHIAI peut s'utiliser chez tous les sportifs ; on utilise ce mot pour la compétition de foot, tennis ou autres mais le mot TACHI-AI est utilisé seulement pour le combat de Kendo et de SUMO (prononciation : sou-mo).
Le verbe TACHI-A-U (立ち合う/たちあう) veut dire « Debout face à face »

TACHI-AI est souvent un combat en IPPON-SHOBU. C'est celui qui a emporté le premier point qui gagne. On ne peut pas se rattraper. C'est un peu normal que l'on utilise ce mot TACHI-AI pour le combat de kendo en IPPON-SHOBU. Il est évident que le premier coup emporte le combat, parce que il n'y a pas de deuxième vie en réalité. Fini c'est fini.

Chez les Japonais, n'importe qu'elle « compétition » comme un pari, un concert, une présentation au travail, ou encore passer un concours d'entrée dans une école, une demande de mariage ou autres « combats contre soi-même » - là où l'on ne pourrait pas accepter même pas un seul échec- on utilise cet expression SHINKEN-SHOBU(真剣勝負/しんけんしょうぶ)- combat avec un vrai sabre - , l'adjectif SHINKEN NA(真剣な/しんけんな)veut dire « être sérieux », ça ne rigole pas.

Au moment de l'annonce HANSOKU IKKAI « On te colle une première pénalité » il faut montrer le remerciement d'avoir vu et signalé mes erreurs en saluant l'arbitre, même si on n'est pas d'accord. Quand hélas arrive SHOBU ARI pour l'adversaire, il ne faut pas contester. Si j'insulte ou donne un coup de poing à l'arbitre, même si son jugement n'est pas vraiment clair à mes yeux, c'est moi qui serais exclu dans ce cas là. De toute façon si cet arbitre fait des erreurs répétitives – s'il est vraiment nul -, il sera exclu de son métier très bientôt.
Il y a parfois les deux autres FUKU SHIN qui contestent en GOGI (合議/ごうぎ littéralement « il faut qu'on se discute ensemble »). Il vont parfois annuler le point donné en TORIKESHI(取り消し/とりけし annulation) après une petite réunion au milieu de SHIAI-JYO.
 
Les humains font tous des erreurs. Les SHINPAN ont leur honneur de pouvoir annuler les points erronés s'il le faut. Pas de honte.
Nous les petits perdants il ne faut pas contester les drapeaux, c'est comme ça. Vous pratiquez un truc très japonais, et il faut être comme des Japonais de l'époque des anciens, on ne conteste pas comme les sportifs modernes. (C'est ça le problème des Japonais mais on discutera de ça ailleurs). C'est difficile de reconnaître sa défaite, mais il faut savoir l'accepter, sans être en colère. Nous nous entraînons aussi à la patience et à la loyauté. Après tout, on est qu'un simple Apprenti - Samurai – amateur. Même si c'est l'autre, en face de moi qui gagne, ma tête est encore sur mes épaules, la prochaine fois je lui rendrai un beau men en JI-GEIKO. C'est bien d'être « encore vivant », on peut rêver de l'avenir. Allez relax !

Si je peux être satisfaite de moi-même au moment de saluer ARIGATOO GAZAIMASHITA. Et pouvoir dire avec sincérité, pouvoir revivre avec émotion et pouvoir fixer mon prochain but, j'ai déjà gagné quelque chose avant mon prochain TACHIAI.

J'adore le moment d'aller saluer aux gens avec qui j'ai combattu, je découvre le visage de celui qui m'a tranché. Je suis très heureuse de faire la connaissance mon ancien ennemi qui devient mon meilleur ami, s'il souffle en visage rougi ça me fait du bien, HIHI et j'adore quand il me félicite mon Koté que les SHINPAN n'ont pas remarqué. 


A suivre…