Le Kendo Cestas SAGC vous propose trois entraînements par semaine, quel que soit votre âge et votre niveau de pratique.

Retrouver nous le mardi et le vendredi de 20h00 à 21h30 pour le cours adultes et le samedi de 10h00 à 12h pour le cours enfants

Les entraînements sont sous la direction de François Delage, 7e dan.

Il n'y a pas de mots qui me viennent à l'esprit

Finalement je m'en vais sans douter du chemin

En me laissant aller.

Kuroda Jusui

mercredi 1 octobre 2014

Stage Féminin de Toulouse...Sabine Péré et Mieko Larré répondent à Anne-Marie Chauvergne

Afin d'éveiller notre intérêt et notre curiosité Anne-Marie Chauvergne, nouvelle rédactrice du blog de la CRK Aquitaine s'est attelée à la difficile tâche de l'interview à distance, en proposant à Sabine Péré, 6e dan enseignante au dojo de Pau et Mieko Larré, 5e dan enseignante au dojo de Musashi à Toulouse de nous faire découvrir cette 3e édition du stage Féminin de Toulouse.

 Minori Daniel-Endo, 5e dan enseignante au dojo de Carmaux et secrétaire de la CRK Midi/Pyrénées participe également activement à l'organisation collégiale de ces deux journées.



Anne-Marie Chauvergne : Nous connaissons tous la vie des samouraïs, des guerriers japonais au code de l'honneur précis et chatouilleux mais les femmes ne prenaient les armes qu'aux dernières extrémités. Et le naginata était une arme plus féminine que le sabre.

Donc ma première interrogation est la suivante :
Depuis quand les femmes pratiquent-elles le Kendo et sont devenues des adeptes de cet art à l'origine typiquement masculin ? Une autre question en découle, comment les hommes ont-ils accepté cette présence féminine dans cette pratique qui est le cœur et l'âme des japonais attachés à leur culture traditionnelle ?


Mieko Larré : Après la guerre du Pacifique, la pratique du kendo a été interdite au Japon entre 1945 et 1952. Sept ans plus tard, le kendo renaît comme sport pour tous, les hommes, les femmes et les enfants. L'histoire du kendo chez les femmes commence donc les années 1950 et puis le kendo est devenu très populaire chez les femmes dans les années 1960-1970. En 2007, un quart des kendokas au Japon sont des femmes.
Sabine et moi avons eu l'occasion de rencontrer une des plus anciennes pratiquantes de kendokas, Setsuko Kobayashi sensei (7 dan Kyoshi) à Londres. Elle est née en 1938 et a commencé le kendo en 1943 au dojo de son père. Elle a gagné les deux premières éditions du  All Japan Women Kendo Championship en 1962 et 1963. Elle nous a fait part de son expérience : comme les femmes n'ont pas la même force musculaire que les hommes, les femmes doivent travailler encore plus sérieusement et acquérir de très bons fondamentaux pour continuer d'évoluer et de progresser en kendo. Elle est vraiment très impressionnante malgré son âge.


Anne-Marie Chauvergne : La notion de vie et de mort n'est pas tout à fait la même pour un homme et une femme (une femme donne la vie), même s'il existe des nuances d'un individu à l'autre. Dans ces conditions l'engagement d'une femme dans un combat de Kendo est-il réellement le même qu'un homme du même niveau de pratique ?


Sabine Péré : Homme ou femme, je croix que l'engagement donné dans le keiko dépend avant tout de la personnalité et non du sexe. Il y a des femmes très engagées et des hommes moins, et vice et versa. Il est vrai que physiquement, la pratique masculine est plus démonstrative que celle des femmes mais l'engagement ne se résume pas qu'au physique mais aussi à l'esprit. Il me semble que c'est un tout. A niveau équivalent, lors d'un passage de grade, ce n'est pas un homme ou une femme qui est jugée mais bel et bien un kendoka qui doit démontrer sa valeur et son engagement.


Anne-Marie Chauvergne : A ce propos, existe-t-il des différences dans la pratique du Kendo ?

Sabine Péré : Les qualités physiques rendent certainement les pratiques masculines et féminines différentes mais cela ne signifie pas que l'une est mieux que l'autre. C'est différent et c'est cela qui rend le kendo intéressant.

Anne-Marie Chauvergne :Peut-on penser qu'un combat soit réellement équilibré entre un homme et une femme ?

L'esprit de la pratique du Kendo peut-il être réellement le même avec celui d'un homme et les fantasmes du samouraï ? La femme peut-elle avoir dans l'esprit l'attitude guerrière d'un homme ?

Sabine Péré : En réponse à ces deux questions. Pour ma part, le kendo est une discipline martiale que j'apprécie beaucoup car il me semble qu'elle remet bien les choses à leur place que l'on soit homme ou femme. Qui n'a pas fait de geiko en se disant «mon partenaire est d'un niveau inférieur, je vais le battre ou je vais m'ennuyer » et c'est le contraire qui s'est produit nous obligeant ainsi a retrouver un peu d’humilité ? Et inversement, qui n'a pas craint de se sentir mauvais ou ennuyeux face à un kendoka plus gradé et c'est aussi le contraire qui s'est passé. Il ne s'agit pas là de rapport homme femme, ou de rapport de force mais plutôt de l'état d'esprit.

Anne-Marie Chauvergne : Et, il en découle une autre question : la pratique des femmes dans le kendo a-t-elle amené une évolution dans le combat ?

Mieko Larré : Je pense que oui.

Sabine Péré : Je suis d'accord mais je ne parlerais pas d'évolution mais plus d'une nouvelle approche. Les femmes doivent parfois compenser le physique et ont une approche peut-être plus technique.

Anne-Marie Chauvergne : Comment les femmes japonaises de grades élevé sont-elles considérées par les maîtres japonais masculins ? Respect ou certaine condescendance ?

Mieko Larré : Je pense que les kendokas qui travaillent sérieusement sont respectés par les maîtres masculins.   

Sabine Péré : Mon expérience me pousse à penser aussi cela.

Anne-Marie Chauvergne : Peut-on dire qu'il y a un ippon féminin ou pas ? La force physique est différente, l'esprit est-il exactement le même ?

Mieko Larré : Non, je ne pense pas que les conditions d'un ippon féminin soient différentes de ceux des hommes. Je ne connais pas l'esprit de tous le monde mais je pense que parfois l'esprit des femmes est plus fort que celui des hommes. 
Sabine – les critères des ippons sont les mêmes pour tout le monde. C'est un ensemble de paramètres qu'il faut juger qui s'exprime différemment d'un pratiquant à l'autre.

Anne-Marie Chauvergne : Les stages féminins qui se développent avec des femmes de grade élevé signifient-ils qu'il y a une évolution ou une conception différente de la pratique du Kendo par les femmes qui amène à créer ces stages ?

Mieko Larré : Depuis que j'ai commencé le kendo à Toulouse en 2005, la population des kendokas féminines a beaucoup évolué. Cependant, nous sommes toujours minoritaires dans nos clubs et il est parfois difficile de poser certaines questions aux kendokas masculins. Les rencontres entre femmes kendokas d'autres dojos m'apportent beaucoup de choses et m'encouragent beaucoup pour poursuivre la voie du kendo.

Sabine Péré : Les femmes sont de plus en plus nombreuses, donc il est normal qu'elles s'expriment davantage. Le kendo c'est la diversité. Les stages féminins représentent une des façons de transmettre à un groupe ciblé tout comme les stages jeunes ou les stages enseignants etc. C'est un moment de convivialité pour les femmes qui sont en général en minorité.

Sabine et Mieko je vous remercie.